Une fabrication ambitieuse
Nous étions en vacances sur l’île de beauté, admirant les bateaux et la mer à perte de vue; Nous réfléchissions par la même occasion à notre troisième « projet sculpture” La première étapes était de savoir si nous restions sur la base d’un couteau pliant ou plutôt si nous nous dirigions vers la fabrication d’une dague, Nos explorations dans les fonds marins en Corse nous ont vite aidés à nous porter sur le thème de la Mer. En observant l’horizon, notre regard croisait souvent des navires, ce qui a tout d’abord inspiré Joël pour réaliser une petite peinture… Un avant goût créatif qui nous a animés d’avantage pour ce thème de la Mer Le choix d’une dague sur le thème marin :
Et si on changeait ? Pourquoi pas une Dague ?
Un nouveau challenge, un nouveau thème, un nouveau projet. Comme tout nouveau projet, il est nécessaire de commencer par des croquis et des plans bien définis : Une réflexion sur la forme, les dimensions, l’esthétique… afin que l’ensemble soit en harmonie avec le thème choisi. Joel qui est un grand mordu des mécanismes, l’idée de faire une dague entièrement démontable l’enthousiasmait particulièrement pour cette nouvelle fabrication. De la patience, de la précision, de la dextérité et une véritable passion de la mécanique fine… La fabrication d’une dague réunissait à elle seule toutes les qualités qu’il possédait; Un véritable concentré de savoir-faire et un réel désir de commencer ce projet au plus vite dès notre retour dans le Var animait Joel
Début de la fabrication :
Dès son retour dans le var, Joel a commencé par définir les fournitures et les matériaux de base : Lame en acier inoxydable et manche en Ebène du Mozambique d’une très grande densité. Pour plus d’originalité, le manche sera cannelé avec l’incrustation de fil d’argent torsadé. Chaque pièce sera démontable .
Joel a inséré un tube en acier inox dans le bois d’Ebène à l’aide de la perceuse à colonne, puis il a tracé la lame à l’aide d’une pointe en carbure et l’a filetée à l’extrémité de la soie .
Eh oui… encore des croquis pour que chaques pièces usinées soient parfaitement ajustées entre elles.
Un manche original :
Joël s’est servi d’un support rotatif pour sculpter des rainures à la lime et au papier de verre afin d’obtenir un manche cannelé. Un travail d’une grande complexité, de la régularité, de la précision et de la finesse doivent être de mise!
Ce travail réussi a permis à Joël d’incruster le fil d’argent délicatement tressé dans les fines gouttières du manche. Les finitions apportent un aspect doux et dur comme de la pierre quand on l’a en main. Le tout entouré d’une élégante touche luxueuse apportée par le fil d’argent . Joel souhaitait une finalité contrastée. Le façonnage du manche est terminé !
La suite du travail consistait à l’usinage de la première bague intermédiaire décorative en bronze.
Chaque étape était très importante et particulièrement minutieuse.
Sur cette photo on y voit le fraisage de la garde de la dague.
Joel a terminé le travail du manche avec l’accomplissement de chaque pièce usinée et qui s’ajuste parfaitement . Le bronze, l’ébène noir ainsi que les fils d’argent étaient déjà une belle promesse à venir sur le résultat final de la dague. Nous étions fiers de l’achèvement et fort enthousiastes de cette première partie.
Une question importante
Afin d’apporter encore plus de cachet à cette dague, nous avons opté pour une pierre en lapis-lazuli de la couleur d’un bleu profond nous rappelant la mer méditerrané. Ces contrastes et ces nuances étaient un moyen d’accentuer le thème choisi pour cette dague Mais la pierre …ronde ou ovale ? c’était notre question ? Joel vous en montrera le résultat plus bas.
En ce qui concerne les différentes pièces à usiner , Joël devait s’atteler maintenant aux pions de la garde. Il commença donc par un croquis avec un calcul bien précis en vue d’obtenir un ajustement parfait.
Usinage du pion sur un tour à métaux
Un pion de réalisé ! manque plus que le deuxième à faire identique ainsi que le filetage.
Revenons sur l’insert de la Lapis Lazuli : Nous avons opté pour une pierre ronde avec un insert en bronze, le tout serti et décoré : Pour les plus curieux voici une petite vidéo de la fabrication : VIDEO
Et voici donc toutes les pièces du manche terminées . Joel va pouvoir continuer le travail laborieux de la sculpture dans la lame…
Début de la sculpture
Quand Joël a pris la pièce à main pour débuter la sculpture, il n’imaginait pas qu’il allait en avoir pour plus de 200 heures de travail
La scène marine est réalisée au binoculaire, sous des lumières à fibre optique, avec l’aide de fraises Tungstène, plus dures que l’acier normal; Les plus fines ne mesurent que deux dixièmes de millimètres d’épaisseur car certains éléments de la sculpture ne dépassent pas le millième.
Joel sculpte dans un acier de 6 mm d’épaisseur.
Patience et délicatesse sont de mise …
Après quelques heures passées sur le Kraken, nous pouvions déjà apercevoir des scènes à
plans multiples dont l’effet de profondeur était stupéfiant.
le détourage des tentacules est bien visible
Pour changer un peu, Joel a eu envie de se lancer dans la sculpture minutieuse du bateau dans le haut de la dague . Il a réussi après de long jours de sculpture, à apporter la finesse qu’il désirait obtenir pour les voiles ainsi que sur les détails de la coque. Les mâts étant aussi fins que des cheveux furent également un beau résultat accompli et réaliste ainsi que le contraste en ce qui concerne la finesse et l’entrelacement de ces imposantes tentacules.
Puis l’intérieur de la coque est creusé et lissé avec finesse. On peut également apercevoir les barrières que joël a pu sculpter tout le long de la coque .
La suite avec quelques tout petits détails : un petit poisson de 6 mm venait de naître entre les tentacules.
Afin de respecter le réalisme et de représenter correctement l’aspect de la mer, Joel a procédé à un lissage.
Le moment tant attendu arriva enfin ! Nous savions que la tête allait être tout aussi complexe. Joël n’avait pas le droit à l’erreur, le regard de la bête était important et il savait qu’il devrait faire très attention.
Vu sa taille colossale, le Kraken allait avoir besoin de ventouses, de plusieurs centaines de ventouses ! Mais Joël était fin prêt pour les 500 ventouses à sculpter !
Pour ne pas laisser d’espace vide dans le bas de la lame, nous avons fait le choix d’y apporter une tortue marine ainsi qu’un espadon. Ce triangle d’acier permettait d’apporter deux parois pour y loger ces deux animaux marins. Nous savons que le monde marin est toujours rempli de surprises ! C’était encore là une belle manière de rendre la lame plus intéressante sur le plan artistique .
Chaque œuvre unique doit être signée par l’artiste. Celle- ci l’est par Joël ALEXANIAN
Le petit Plus
Un petit détail intéressant qui pourrait apporter un peu d’élégance : Une ancre en or pur qui sera rivetée après le traitement thermique de la lame.
Sans oublier le texturage du Kraken, les parois de la dague, les nombreux petits poissons ainsi que du traitement thermique qui a bien réussi; Voici sur cette photo les 200 heures de travail de sculpture !
Une Piece unique au monde !
“Depuis tout petit j’aime dessiner, peindre, fabriquer, construire, démonter, remonter, inventer, créer…
Mes mains ont toujours eu besoin d’être occupées à quelque chose…
En grandissant, explorant chaque chose dans les détails, j’ai pu observer que les objets étaient faits et assemblés de manière tout à fait logique, alors tout devenait très simple dans ma tête”.
Joël
Son souci de la perfection l’a vite amené à réaliser des sculptures remarquables de réalisme et de précision; cette opération méticuleuse qu’il apprécie particulièrement permet de personnaliser de manière unique chaque couteau.
«Tout me passionne dans ce métier, le côté créatif bien sûr, mais aussi l’aspect mécanique qui exige de la précision ainsi que le travail des différentes matières qui constituent un couteau: les aciers, le matières utilisées pour les manches, les finitions, …
Faire naître un tel objet en partant d’éléments bruts est très satisfaisant, plus encore quand on se dit que cette dague , qui se chargera de l’histoire de son propriétaire et qui pourra aussi se transmettra à d’autres générations.»
Joël